J'ai besoin de prendre l'air ... [Gyu]

Marre, marre, marre, marre. C'est toujours pareil avec eux. Ils n'écoutent rien ! Dans moins d'un mois, on revient avec un nouvel album et ses gamins ne pensent qu'à s'amuser en ville. J'ai beau leur laisser un peu de liberté, ils en redemandent toujours plus.
Aujourd'hui, j'avais besoin de décompresser, de relâcher toute la pression qui pesait sur mes épaules. J'avais une soudaine envie de crier, me rouler par terre, pleurer et me taper la tête contre le sol. Je suis le leader, merde ! Pourquoi je n'arrive pas à retenir l'attention quand il le faut ? Pourquoi ne suis-je pas un bon leader ?
Tout en continuant de me noyer dans ma solitude, j'arrivais au Jardin Public. Tout en continuant de fixer mes chaussures, je ralentis ma cadence. Sung Gyu, par-ci. Sung Gyu, par là. Marre, marre, marre, marre. Je traînais des pieds, faisant souffrir les semelles noires de mes nouvelles derby. Soudain, un cailloux s'écrasa contre le côté gauche de mon crâne. C'est la pierre qui fait déborder le vase. C'est de trop !

- Aiiish ! *crie*

Un jeune garçon s'avança vers moi, tandis que j’enrageais intérieurement.

- Seul ? On est dans un jardin public. La prochaine fois, fait attention qu'il n'y est personne ! Meurtrier !

Scragneugneu... de scragneugneu... C'est la première fois que je me mettais en colère aussi vite. Suis-je arrivais à bout ? Je levais les yeux vers le ciel, je gratta le sommet de mon crâne, respira un bon coup et racla ma gorge.

- Ecoute, j'ai passé une journée affreuse. Si je me prends la tête avec quelqu'un, il vaut mieux que je me jette sous les rails tout de suite. Mais, fait quand même attention la prochaine fois. Tu aurais pu avoir des ennuies.

Je suis un crétin infini.

Je n'avais que deux solutions. Prendre mes jambes à mon coup et continuer de m'enfoncer dans un profond et infini trou noir ou... ou quoi ? M’asseoir à côté de lui n'était pas vraiment une solution. Peut-être que j'avais simplement envie de rester. J'avais simplement envie d'un peu de compagnie. Mais, ne va-t-il pas me trouver un peu lourd ? Je raclais une seconde fois ma gorge.

Mon regard ne pouvait se détacher de ses yeux. De magnifique yeux en amande. Aujourd'hui encore, je jalouse en secret.
« On se connait un peu non ? » Tu rigoles, j'espère !? Je ne compte même plus les fois où Kevin m'a ignoré. Malgré que nos deux groupes soient souvent ensemble (et plutôt complice), nous n'avons jamais eu l'occasion de nous adresser la parole. À croire qu'à tes yeux, je ne suis qu'un fantôme.

- Hum... Ouais ! Un peu... Je ne suis pas sociable, je suis un crétin infini et pour couronner le tout, un fantôme.

Tiens, il s’intéresse à moi, maintenant ?

- Ah... ça. Mes poulains sont de vrais gamins. Alors qu'on devait répéter notre nouvelle chorégraphie pour notre grand retour, ils se sont enfuis en ville. Et comme je suis le Leader, c'est à moi qu'on va passer un énorme savon. Tu vois... et... et toi ? Mon gyu, évite de parler trop, ça pourrait l'ennuyer.

Qu'est-ce que... Au petit rire de Kevin, mon coeur s'arrêta brusquement. C'était comme ci, d'un coup, il m'avait apaisé. Il sait enfin que j’existe. J'avais comme une envie de tout lui dire. Tout lui confier. De lui dire... "tout ça".

- Ils sont souvent difficiles à tenir, crois-moi ! *rire* Mais... Je ne peux pas leur en vouloir réellement... J'aimerais, moi aussi, pouvoir être aussi... "vivant". Stop ! Calme-toi, mon gars. Ne t'emballe pas.

Soudain, Kevin me fit face. D'un coup, mon p'tit monde fut chamboulé. J'avais cette envie de fondre en larme et de lui dire... "tout ça". Je suis pitoyable. Un homme ne pleure pas. Un Leader ne pleure pas. Calme-toi. Ce n'est qu'une discussion sans importance, hein ? Plus tard, on partira chacun de notre côté et... je serais redevenue un fantôme. Gyu, tu es vraiment un imbécile, tu le sais ? Pourquoi es-tu si fleure bleu ? Pourquoi ne peut-tu pas être un homme, un vrai ? Parce que... "tout ça".

- Même si c'est bientôt votre come-back, tu devrais prendre soin de toi, hm. J'ai vraiment dit ça ? Et, je pense... qu'ils se font quand même du soucis pour toi... Tu es important, pour le groupe... et certainement pour eux aussi. *Baisse le regard et mord sa lèvre inférieure*

Kevin, ne cherche pas plus loin, s'il te plais. "Tout ça", même si mon coeur ne le supporte plus, finalement, tu ne dois pas le savoir. Même si je suis tenté. Même si je ne tiens plus. Soudain, je me remémorais... "tout ça". Retiens-toi.

- Hum... Je veux dire par là : Être moins dans le travaille et penser un peu plus à m'amuser comme les autres, tu vois ? Menteur !

Soudain, le visage de Kevin changea d’expression. Comme si une certaine nostalgie lui apparut. Je l'observais un moment. Silencieux. Kevin, ne soit pas triste, s'il te plais. Kevin avait les yeux humide et mon coeur, dans mon torse, me faisait mal. Délicatement, je posais ma main sur son épaule. Kevin, je suis là à présent.

- Mis à l'écart... *Tout bas* Je sais ce que tu ressens, Kevin.

Je ferma un moment les yeux. Ma main, toujours sur l'épaule de Kevin.

- La solitude est une chose horrible. Si tu doute, que ça te bouffe, dis-leur. Kevin, ne soit pas comme moi. Ne garde pas ça pour toi. Soit plus sûr de toi. Je sais qu'au fond, il y aura toujours quelqu'un qui s'inquiète pour toi. Moi...

C'est comme si le temps s'était arrêté. Comme si nous étions à présent seuls au monde. Kevin, est-ce que tout ça va s'arrêter ? Vas-tu m'oublier ? Je regardais l'horizon. Le ciel était vaste et pourtant, j'eus l'impression que la terre ne s'arrêtait qu'à ce Jardin. Je suis à présent complètement apaisé. Serait-ce le ciel, le vent ou... lui... Je tournais légèrement la tête vers Kevin. La distance entre lui et moi s'estompe peu à peu.

- Kevin, si personne ne veut t'écouter, si personne ne veut s'inquiéter pour toi... Je serais là. Kevin, s'il te plais... souris. Cette personne qui s'inquiète pour toi... je crois, que c'est moi.

Mon coeur s'est arrêté. Qu'est-ce qu'il me prend ? Qu'est-ce que j'ai ?

Que faire ? Que dire ? Je n'arrive plus à respirer. Je n'ose même plus bouger. C'est si... étrange. Gyu, reprend-toi ! J'étouffe. J’ÉTOUFFE !

- De... de rien. *rigole nerveusement*

J'ai la tête qui tourne. J'ai chaud. Je veux m'enfuir. Mais, je ne veux pas le laisser. Je vais m'évanouir. Gyu, STOP ! Tout deviens si petit. Je me sens à l'étroit. Depuis quand je fais confiance à un homme ? Depuis "tout ça", je m'étais dis de haïr les hommes au plus profond de moi. Gyu, STOP ! Pourquoi j'ai une soudaine envie de le prendre dans mes bras, de lui dire que j'ai mal. Oui, j'ai mal. Mal à en crever. Il faut que je sorte cette balle de mon coeur. STOP !

- Ha... oui ! Pourquoi ? Parce que je suis un fantôme pour le monde entier et que personne ne remarque que je suis là. M.. Merci... *Rigole nerveusement* Une épaule...

- Hein ? * Étonnement*

Sa main sur mon front, je craquais à nouveau. Gyu, pourquoi es-tu si faible devant lui ? Soudain, Kevin me prit la main. Sa main... Je ressens... Des choses bizarres au fond de moi. Comme si j'avais des millions de papillons dans l’estomac. Comme si on empoignait mon coeur et qu'on le pressait comme une orange.

- Hm... *Baisse la tête* J'ai mangé... oui... J'aime tellement entendre la voix de Kevin...

Kevin était si près que je pouvais sentir son odeur, son parfum. Le contact de son bras autour de mes épaules me fit frissonner. J'aurais voulu que le temps s'arrête, qu'on reste comme ça pour toujours. Kevin, te rend-tu compte ? Pourquoi son bras autour de mes épaules ne me dérangent pas ? Pourquoi je n'ai pas peur de lui ? Pourquoi... Kevin, si ça aurait été un autre, je l'aurais repoussé.

C'était la fin de la journée, à présent. La température avait baissé et la nuit commençait à tomber. Kevin me tira près de lui. Avait-il peur ? Je rigolais tout bas. Mignon...

- Tu... as peur ? *chuchotement*

Kevin me tendit un beignet au chocolat. Gyu, ne mange pas comme un porc, oké ? Sur le chemin, nos deux mains se frôlaient, se cherchaient. Je soupirais. Gyu, lance toi où il va s'échapper. Doucement, j'enfilais mes doigts entre celle de Kevin. Je n'osais pas coller la paume de ma main sur la sienne.

- Kevin... Je...

Mon portable sonna. Merde...

- Hum ? Myungsoo ? *Décroche*

Gamin, sais-tu que tu viens de gâcher un moment précieux ?

- Hm ? Je suis dehors... hm ! Faire à manger ?! ... Hm... Aaah, d'accord, d'accord ! *Raccroche*

Ces gamins... C'est si difficile de se cuire des pâtes ou du riz ? Nooon, il faut que maman Gyu viennent leur mettre la cuillère dans la bouche. Je me retournais vers Kevin. Je ne veux pas partir... J'avalais la dernière bouchée de mon beignet sauvagement.

Je fixais mon portable. Myungsoo, je suis désolé. Je n'ai pas envie de rentrer. Je retirais la batterie de mon portable et enfouis le tout au plus profond de ma poche. Je ne veux plus être votre petit chien.

- Hm ? *Souris à Kevin* C'est rien ! Myungsoo m'a dit qu'ils allaient se coucher.

Kevin passa son pouce au coin de ma lèvre. Kevin, tu n'es pas un peu... trop près ? Mes pieds étaient cloués au sol. Je le regardais fixement. Puis, lentement, je m'approchais. Nos visages n'étaient à quelques mini mètre, à présent. Que faire ? Reculer ? Continuer ? Kevin, j'ai peur que tu m'échappe si je continue... excuse-moi.

Le contact de sa main sur mon coup me fit frémir. Je fixais sa bouche. C'est dangereux. Je ravalais ma salive. Kevin, reste là. Puis, je passais le bout de ma langue sur mes lèvres sèches. Kevin, ne t'enfuis pas... Puis, lentement, j'atteignis ses lèvres. Laisse-toi faire... Je fermais les yeux. Au fond de moi, je priais pour qu'il ne me rejette pas. Kevin, je ne veux plus souffrir. S'il te plait, libère-moi. S'il te plait...